L’INRER (Isabelle Kersimon, Jean-Yves Pranchère) ont publié cette semaine ma recension critique de l’essai Israël, fait colonial? publié en 1967 par Maxime Rodinson.
Que faire du mot « colonial » s'agissant d'Israël, donc ? « Colonial » semble être un gros mot. C'est un gros mot. En effet, c'est un moyen de condamner Israël, de le dé-légitimer tout entier. Et devant de telles accusations, on est pétrifiés, on ne sait comment répondre. On adopte une stratégie purement défensive. Ce faisant, on accepte les termes du procès : l'origine coloniale d'Israël est infamante, on la réfute en bloc.
C'est, je pense, une mauvaise stratégie de défense d'Israël : il faut au contraire réfuter les termes du procès et à la fois se demander ce qu'Israël a de colonial. Et en effet, c'est un angle pertinent pour saisir l'histoire d'Israël, un angle qui complète celui de l'autodétermination nationale d'un peuple sans terre, du retour à une terre auxquels les Juifs ont aspiré deux millénaires. Par honnêteté intellectuelle, il faut reconnaître sa pertinence, mais sans se flageller, en la délimitant, en la spécifiant (Israël est un fait colonial à part) et surtout sans en tirer de conséquences sur la légitimité d'Israël à exister comme État juif.
C'est ce que j'essaie de faire dans cette lecture de Maxime Rodinson, une des rares plumes antisionistes qui établisse ce diagnostic sérieusement, et surtout qui prévient des conséquences fautives que l'antisionisme politique tire et tirera d'un tel diagnostic historiographique
« Prêcher la guerre sainte, leur rejet à la mer au nom de la conscience universelle? Les stigmatiser comme des criminels? Leur demander de venir la corde au cou prier qu’on veuille bien pardonner leur péché originel? »
Voici en lien (et en clic derrière la capture d’écran des premiers paragraphes) l’article complet: Israël, fait colonial ? Une lecture de Maxime Rodinson